dimanche 28 mars 2010

THE GHOST WRITER

Il paraît que Roman Polanski, celui des grands films, est de retour. Pour preuve, cette pluie d’excellentes critiques complétées d’un prix au dernier Festival de Berlin, qui viennent couronner (soutenir ?) la carrière un rien éclectique d’un réalisateur pour le moins controversé et pas toujours pour les meilleures raisons.
Bref, cessons là toute allusion aux déboires personnels d’un type que la vie, sans l'épargner, n’aura pas empêché de faire une carrière exceptionnelle, une carrière dont certains films, dans des genres divers et pour diverses raisons, ont marqué à jamais l’histoire du 7ème art (Le locataire, Rosemary’s Baby, Le Bal des vampires, Chinatown, Tess …), alors que d’autres, peut-être moins nombreux, tiennent tout juste du navet de seconde zone (Lune de fiel, La neuvième porte…).
Reste à savoir dans quelle catégorie se situe ce Ghost Writer encensé.
Ce nègre (en version française), c’est Ewan McGregor (décidément très présent actuellement sur les écrans), engagé à la suite du mystérieux décès de son prédécesseur, pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique (Pierce Brosnan, égal à lui même).
Le film démarre sur des évènements qui combinent astucieusement le politique au thriller et complexifient à plaisir une intrigue glaciale qui s’annonce savoureuse. Malheureusement le suspens ne tient pas la longueur : très vite on démêle les fils (qui ? pourquoi ?) d’une histoire moins passionnante que son postulat de départ le laissait espérer et si le scénario un peu faiblard continue de captiver un minimum, c’est qu’on attend juste la réponse à la troisième question : comment ?

Résultat : ni chef-d’œuvre, ni bouse, ce Ghost Writer surévalué n’est qu’un exercice de style supplémentaire un peu simpliste mais pas inintéressant, qui vient conforter le fait que Polanski sait, à sa manière, presque tout faire … sans pour autant y mettre tout son talent.

samedi 27 mars 2010

SONNET 20

C'est le deuxième extrait de l'album All Days Are Nights : Songs For Lulu, disponible dans les bacs et en téléchargement courant avril, une suite de 12 chansons accompagnées uniquement au piano.
A mille lieux des orchestrations pop absolument géniales auxquelles Rufus Wainwright a toujours habitué son public (le capiteux dyptique Want, ou le très distrayant Release The Stars), la particularité de ce nouveau projet, pas toujours évident pour qui n'est pas un inconditionnel de l'univers parfois "excentrique" du trublion canadien, nous le révèle dans toute son intimité musicale. Cette proximité inhabituelle est évidemment ce qui fait le charme de ce dernier opus tout en atteignant, sur la longueur, les limites de l'exercice de style car, hormis lors de quelques passages plus enlevés (et notamment The Dream, extrêmement convaincant), l'accumulation des ballades mélancoliques de Songs For Lulu (hommage à Louise Brooks), prend le risque de lasser au fil des plages.

On en profitera donc pour se faire une idée sur Prima Donna, son opéra mis en scène en 2009, dont Wainwright livre ici quelques extraits dans leur expression la plus dépouillée, ainsi que, bien entendu, sur ses incroyables prouesses de pianiste sans complexe et de chanteur talentueux.
Pour les fans, en priorité !

RUFUS WAINWRIGHT | SONNET 20 (song only) from gary nadeau on Vimeo.

jeudi 25 mars 2010

AIDES GRAFFITIS

Attention, contenu explicite !
L'organisation française de lutte contre le sida, Aides, a misé juste avec ce clip formidable qui met en garde contre le risque d'exclusion sociale (et sexuelle) pouvant résulter des maladies sexuellement transmissibles.
Dessins et animations sont superbes, le film efficace touche un maximum de personnes. La technique de prise de vue image par image n'est pas tout à fait révolutionnaire, n'empêche elle fonctionne à merveille.

Une vraie réussite qui vient rattraper nombre d'essais peu concluants en matière de communication sur le sujet.

dimanche 21 mars 2010

PLASTIC BEACH

Le nouvel excellent album de la bande "virtuelle" à Damon Albarn (chanteur des Blur) et Jamie Hewlett (dessinateur de BD et notamment de Tank Girl) vient de sortir.
Intitulé Plastic Beach, le troisième opus d'un des groupes les plus créatifs de la planète regorge de pépites pop, hip hop, trip hop, dub, rap ... et compte un nombre incroyable de collaborations toutes plus enthousiasmantes les unes que les autres : Snoop Dogg, Lou Reed, Mos Def, Bobby Womack, Barry Gibb ou encore De La Soul.
Un indispensable dans toute bonne discothèque qui se respecte.
En compensation, une promo de luxe pour un clip qui ne se refuse rien, celui de Stylo, premier single d'une longue série : une course poursuite dans le désert californien (ça me rappelle plein d'excellents souvenirs) digne d'une bonne série B (Z ?) à la Tarantino, où 2D, Murdoc Nicalls et Noodle (les personnages créés par Hewlett) sont carrément pris en chasse par ...


Gorillaz ft. Mos Def & Bobby Womack - Stylo
envoyé par indarnb. - Regardez d'autres vidéos de musique.

INCEPTION

... c'est le titre du nouveau film de Christopher Nolan (The Dark Knight, Le prestige, Memento pour ne citer que les meilleurs) cinéaste de qualité pour lequel vous connaissez déjà mon très grand intérêt.
Première collaboration entre le réalisateur chouchou du tout hollywood (faire du cinéma d'auteur à partir de "banals blockbusters", ce n'est pas donné à tout le monde) et la star à la filmographie - quasi - exemplaire (que je vous laisse découvrir, sans surprise, dans la bande-annonce ci-dessous), ce thriller à l'atmosphère toute particulière, tourné dans une multitude de pays (Japon, France, Angleterre, Maroc, USA), avec une brochette de sacrés bons acteurs (dont, je vous le donne en mille, la dernière coqueluche en date des américains : Miss Marion Cotillard) se penche sur les mésaventures d'un patron d'entreprise poursuivit à cause de son travail sur l'architecture de l'esprit ...
Sortie française : juillet 2010, on a encore le temps d'y revenir !

SHUTTER ISLAND

Martin Scorcese a beau s’enticher de sujets d’une efficacité souvent redoutable, pour autant, il ne fait pas toujours « dans la dentelle » !
Ce raccourci rapide et non-objectif, qui n’aurait d’autre but que de relever les défauts intrinsèques d’un cinéma de moins en moins attentif à la qualité de scénarios eux-mêmes de plus en plus bâclés, viendrait conforter la désagréable impression de ratage à laquelle il est difficile d’échapper à la vision de ce Shutter Island mineur.
Sauf que Scorcese n’est pas n’importe qui : il a du style, ne manque pas d’idées et sait s’accompagner. Ici, il réitère sa collaboration plus ou moins fructueuse (Aviator ou Gang of New-York) avec l’excellent Di Caprio, qui, à contrario, se bonifie au fil d’un partenariat dont ne semble guère bénéficier le réalisateur. Certes, il faut reconnaître dans ce jugement quelque peu sévère, un manque, je l’écrivais plus haut, de réelle objectivité qui pourrait s’expliquer par la déception que provoque désormais, et avec une certaine régularité, chaque nouveau projet du cinéaste.

Dans celui-ci, la réalisation excessivement connotée, soutenue comme un pléonasme par une bande-son « à la façon de » ces vieux films noirs hollywoodiens, révèle immédiatement les clefs d’une énigme qui ne saurait résister plus de dix minutes au cinéphile attentif et un tout petit peu malin, cible test idéale du genre ; l’intérêt s’en trouve donc forcément limité. Dommage !

jeudi 18 mars 2010

ZEBULON

En avant première, Zebulon, premier extrait "studio" du nouvel album très intimiste de Rufus Wainwright (en concert à Mogador le 3 mai prochain).
Je vous en parle très vite ...

Zebulon by Rufus Wainwright (performance) from gary nadeau on Vimeo.

dimanche 14 mars 2010

LA SOURCE

... Oui, oui, je le reconnais, c'est bête comme chou, on l'a déjà vue des milliers de fois, et l'animation ... bon, ce n'est pas ce qui se fait de mieux en ce moment. N'empêche, ces dialogues ... j'éclate de rire à chaque fois ! Alors, on fait comme ça : je nous la garde ici bien au chaud, juste en cas de besoin, ça vous va ?

PADAM

Qu'il agace (sa voix, sa personnalité ...) ou qu'il séduise (sa voix, sa personnalité ...) Benjamin Biolay n'est vraiment pas de ceux qui laissent indifférent.
Pour preuve, ses deux récents trophées aux dernières Victoires de la musique (dont on se fout complètement, mais bon) qui viennent couronner une décennie de travail émérite et de talent incontestable : un sens imparable de la mélodie, une production toujours au cordeau, des textes souvent renversants (pour qui veut bien y prêter une oreille attentive) ... bref, n'en déplaise à une grande majorité de ceux qui veulent croire qu'il n'est toujours qu'une pâle imitation de Gainsbourg ou de quelq'un d'autre, Biolay n'a que ce qu'il mérite, et nous avec.
Réalisé par le duo M/M (quand on parle de ceux qui agacent) et photographié par le Maître Darius Kondhji en personne, Padam (2ème extrait de l'album La Superbe que je vous recommande plus que chaudement) est l'exemple même du clip à première vue insignifiant, voire exaspérant.
Sauf qu'en réalité c'est vachement bien fait, qu'on y retrouve ce sens de l'auto-dérision affiché régulièrement par le chanteur (et ses deux graphistes acolytes), et que la clef de l'énigme est située au tout début du générique de fin. Voilà !

A SINGLE MAN

Pour sa première réalisation, Tom Ford (couturier et playboy de son état) adapte le roman éponyme de Christopher Isherwood, avec la force et la grâce de ceux qui ne font pas ça pour plaire, ceux qui se font plaisir avant tout.
Beau comme les photos sur papier glacé des magazines de luxe, le film s’apparente presque à un huit clos qui, s’il ne se déroule pas exactement dans un lieu unique, déroule méthodiquement, heure par heure, la journée décisive d’un homme dont le compagnon est décédé.
Première grande qualité de la réalisation : A Single Man échappe au moins à la vogue actuelle des films dont la principale particularité, un rythme effréné, consiste en un montage cut ne comportant que des plans ne dépassant pas deux secondes chrono (de peur que le spectateur s’ennuie), pour laisser aux personnages (même s’il y en a peu) le temps d’avancer vers leur destin, au spectateur le temps d’évaluer les répercutions variables d’une succession de micros évènements inattendus.
Les décors sont magnifiques, les costumes sont magnifiques, les acteurs sont magnifiques (Colin Firth et Julianne Moore toujours excellents) et, techniquement parlant, Ford s’est parfaitement entouré. Tellement, que le film s’apparente parfois à une succession de tableaux contemporains hyper-léchés d’une Amérique esthétiquement idéalisée, où participent à leur façon les influences de grands cinéastes (Hitchcock, Almodovar ou Wong Kar Wai, auxquels Ford rend tour à tour des hommages appuyés et sans complexe), convoquant plasticiens et photographes, parmi lesquels Edward Hopper ou Bruce Weber n’apparaissent pas comme les moins évidents.

Enigmatique, froid, mais pas impersonnel, ce Single Man force, de part son sujet, l’admiration. Il laisse déjà espérer, augurer, d’une carrière qui, si elle démarre tardivement, semble pour le moins marquée d’une réelle volonté et d’une grande personnalité.

dimanche 7 mars 2010

A SERIOUS MAN

Séance de rattrapage, et de taille, pour la dernière comédie très grinçante des frères Coen.
Renouant avec la veine des films sans star de leurs débuts, ceux qui ont fait leur renommée, les deux frangins, toujours aussi doués quel que soit le sujet, taillent un costard magnifique aux férus de religion … mais pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de celle qu’ils connaissent le mieux !
Aidés dans leur cruelle mais jouissive aventure d’un comédien hors pair, le méconnu Michael Stuhlbarg, ils réalisent par le biais de ce Serious Man magistral, le petit manuel idéal, permissif et transgressif d’humour juif, piétinant allègrement pour ce faire les plates bandes décaties d’un Woody Allen à la traine, parti faire (à son plus grand désavantage) le couillon dans des contrées où l’on n’aurai jamais souhaité qu’il aille. Une réalisation au cordeau (photo, décors, son, montage), une tripotée d’acteurs sensationnels, des dialogues ciselés par de véritables orfèvres … au final l’un des (LE ?) meilleurs films du duo.
Un vrai régal ! Ne passez surtout pas à côté ...