jeudi 29 janvier 2009

LE GRAND VOYAGE

Bye bye Pépère ... ça fait un trou énorme à l‘intérieur, tu sais. Stéphane me dit que tu dois être entrain de te régaler, à sauter de nuage en nuage ... ben profites-en maintenant ! Sacré veinard, c’est vrai que t’as eu une belle vie ... On t’aime fort fort fort !!!!!!!! ...

mardi 27 janvier 2009

IDIOTS AND ANGELS

Bill Plympton est de la race des originaux. Traçant sa route en marge des grands studios spécialisés dans les productions très grands publics, il s’est déjà fait une place au panthéon des créateurs multi récompensés tout en continuant a n’en faire qu’à sa tête.
Tant mieux ! Cette fois il revient avec l’histoire d’un homme pétri d’égoïsme, un idiot (parmi d’autres) détaché de tout principe, auquel un beau matin poussent des ailes …
Au premier abord, la forme surprend : monochrome, presque basique voire terne. Les crayonnés bruts se succèdent à toute allure, déployant une animation toute artisanale (100 000 dollars de budget il a pris à sa charge le plus gros du travail de création), parfois brouillonne, mais qui, en ne se soumettant au dictat de l’esthétisme extrêmement léché habituellement proposé, n’en reste pas moins ample. Aucun dialogue, juste des sons, des bruitages et la musique, bien entendu : Tom Waits (un peu), Nicole Renaud (surtout) ou même Pink Martini … Plympton s’y connaît pour installer, le plus simplement du monde, une atmosphère. Alors que l’histoire poético-trash défile sous nos yeux, s’enchainent subtiles références cinématographiques, métaphores parfois grossières et transgressions jouissives.

Fable philosophique sur le bien et le mal, vision pessimiste sur le quotidien de l’homme … peu importe, puisque au travers du message (il y en a un, il y en a d’autres), Plympton s’amuse, délire comme un dingue, dans le gris, dans le noir et dans l’absurde, mais aussi, parfois, dans la tendresse.
Un chouia trop long, peut-être un poil répétitif, mais surtout (c’est le plus gros reproche qu’on puisse lui faire) trop, vraiment trop cynique par moment, Des idiots et des anges est, malgré ces petites réserves, l’indiscutable preuve d’un vrai grand talent.
Encore, encore !!!


lundi 26 janvier 2009

REVOLUTIONARY ROAD

Attention, Monument !!! Adaptation extrêmement fidèle du roman éponyme de Richard Yates, Revolutionary Road/La fenêtre panoramique (devenu au cinéma Les noces rebelles … ???) est la preuve évidente qu’il est possible de faire un film magnifique à partir d’un livre culte. A la fin des années 50, l’auteur, considéré depuis comme le père spirituel de Raymond Carver, avait suscité les plus vives émotions en remettant en cause, avec l’histoire de ce couple persuadé d’être différent et au-dessus de tous les autres mais incapable de trouver les satisfactions d’orgueil tant espérées, l’American Way of Life et en particulier, de manière plus universelle, la nature même du mariage, le rôle des deux sexes dans une société où il devenait difficile de concilier des idéaux bohèmes contradictoires avec les réalités de la famille et du travail.
Incontestablement inspiré par son épouse, l’actrice Kate Winslet, elle-même chavirée par l’incroyable personnage de femme d’April Wheeler, Sam Mendes y a surtout vu l’aubaine de disséquer une relation de couple à travers toute sa vulnérabilité, sa cruauté et un panel d’émotions parmi les plus crues qui peuvent en résulter.
Respectant presque scrupuleusement mot pour mot, page après page, la trame ambitieuse conçue par Yates, le cinéaste décidément très à l’aise avec les drames urbains modernes (souvenez vous American Beauty) s’accapare l’univers esthétique parfois glacial d’un Edward Hopper (photo, costumes, décors …) pour suivre à la trace sans jamais les épargner une brochette d’acteurs tous plus habités les uns que les autres et menée avec maestria par un exceptionnel duo de tête : DiCaprio intense, Winslet, superbe, magistrale (Golden Globe de la meilleure actrice pour son interprétation).

Révélant au fil d’une mise en scène feutrée, faussement classique, sur une partition sensible et parfaite de Thomas Newman, l’enfermement, l’étouffement, … le drame de vies tragiquement exemplaires, qui perdent leurs illusions comme les quitte la passion, Mendes clôt sa démonstration effroyable dans une effusion de violence physique et morale terrible, pratiquement insoutenable. Un choc, c’est incontestable, mais avant tout un cinéma de très haut niveau !

vendredi 23 janvier 2009

PAROLES PAROLES ...

Maintenant que, Ô miracle, le 44ème Président des Etats-Unis (dont les spécificités principales sont pour le moment d’être convaincu, courageux, démocrate et issu d'une « minorité » raciale) prend ses fonctions, le monde entier a le regard tourné vers celui qui pour être élu n’a pas lésiné sur les promesses.
Au nombre de 510 (c’est-à-dire, si l’on en croit les statisticiens et journalistes américains, trois fois plus que W. Bush en 2000 - 177! ... on se demande encore lesquelles - ou que Bill Clinton en 1992 - 204 parmi lesquelles, subjectivement, il serait logique d’imaginer que quelques unes ont bien dû être tenues – sic !), ces magnifiques lueurs d’espoir qu’une nation sous le charme - dont il faut rappeler que le chef d’état prête encore serment la main gauche posée sur la bible (ici, celle d’Abraham Lincoln, son modèle en politique) - s’attend à voir se concrétiser, ne risquent-elles pas au bout de ces 100 prochains jours d’investiture (la fameuse période de grâce) de transformer le premier chapitre du règne Obama en véritable pétard mouillé ?!

Qu’attendons-nous tant de lui ? Qu’est-il susceptible de pouvoir sincèrement apporter, améliorer, transformer, dans un contexte économique et social désastreux, au beau milieu d’une crise internationale catastrophique et qu’aucun autre dirigeant, à l’heure actuelle, n’est capable d’enrayer chez lui en profondeur ?
S’il peut encore aujourd’hui légitimement accuser, même sans la nommer, l’administration sortante d’avoir « gravement affaiblie l’économie américaine ... du fait de la cupidité et de l’irresponsabilité de certains » qu’en sera-t-il demain, alors qu’on sait déjà qu’il lui sera pratiquement impossible de trouver des réponses pertinentes à court terme, et donc de répondre idéalement aux attentes de ses plus fervents partisans, ceux qui n’oublieront pas certains de ses engagements, telle la couverture médicale universelle ou encore sa détermination au sujet de l’arrêt total et rapide (il s’était engagé sur 16 mois) de la guerre en Irak. N’hésitant pas à se rapprocher dangereusement de ses adversaires Républicains (il garde tout de même au sein de son gouvernement Robert Gates le Ministre de la défense nommé par son prédécesseur…) et décevant dans le temps les membres les plus radicaux de son parti, il sera bien contraint d’avouer, et le plus tôt sera le mieux, qu’il n’est pas un faiseur de miracle. Si chacun s’accorde déjà à le penser (certaines de ses opinions personnelles ou celles de ses co-équipiers les plus proches le démontrent) reste que l’avènement, la réussite incroyable de ce jeune avocat de 47 ans à la tête d’une nation qui a toujours privilégié le rêve de la réussite sociale individuelle avant toute notion d’égalité et de valeurs collectives, semble étonnamment banale, comme une évidence, mais aussi, après un bilan de 8 années déplorables, un moindre mal.
En tout cas, les premiers jours d’Obama, révélant toute de même une indiscutable rigueur par rapport à la ligne de conduite qu’il s’était fixé (fermeture de Guantanamo, soutien persistant au droit des femmes à l’avortement, renouvellement de l’engagement à quitter l’Irak avant fin 2011 …), donnent au moins, pour l’instant, le change à une campagne qui dépassait allègrement les frontières de la démagogie raisonnable.

Quant à nous, la synergie opérée par tous les facteurs qui ont menés Obama à la tête d’un pays implacablement sinistré dans ses valeurs humaines les plus profondes sera-t-elle assez puissante pour infléchir la totale inertie d’une Europe qui permet plus qu’hier encore à des trublions politiques de tous bords, incapables de mener une véritable politique sociale de front, économiquement rationnelle, intelligente et d’où tout intérêt personnel serait banni, de parvenir à un pouvoir strict reléguant, en l’absence d’opposition véritable, la démocratie à une simple définition dans un dictionnaire.
Au royaume navrant des donneurs de leçon (le nôtre), rien n’est moins certain …

mardi 20 janvier 2009

SEVEN POUNDS ...

... ou l’histoire d’une rédemption abominable sur fond d’énigme scénaristique confuse et pour le moins douteuse. Reprenant à son compte la bonne vieille recette du mélo larmoyant, tout en essayant d’y ajouter coûte que coûte une touche d’originalité (et quelle touche !), le réalisateur italien Gabriele Mucino, récemment passé à Hollywood pour A la recherche du bonheur (avec déjà Will Smith, décidément enclin à jouer, un peu grossièrement, avec son image), nous gratifie du pire de ce qu’on peut attendre d’un tel genre.
Jouant à la fois, mais toujours maladroitement, sur différents tableaux (la comédie romantique, la comédie dramatique et le suspens très, très limite), il s’emploie durant une longue moitié de son film à brouiller les cartes, tellement qu’on se demande si on ne s’est pas endormi un moment, avant de nous laisser patauger, avec ses acteurs plutôt bons (la charmante mais tellement rare Rosario Dawson en tête), son chef op béton et une excellente bande son, dans le sentimentalisme dégoulinant, le pathos le plus écœurant. Terrible !

Lourd, cafardeux et plombant, Sept vies pèse sept tonnes (le titre original ?) et ne parvient jamais à convaincre de la réelle motivation de l’entreprise, ni de son issue, éventuel spot alarmiste mais extrêmement efficace pour la sécurité routière.
On en sort ... médusé !

vendredi 16 janvier 2009

ALAIN SOUCHON A DE LA PEINE ...

... Souvent ? Parfois ? Alors, dans l’espoir qu’on ne l’oublie pas, Alain Souchon, clown ironique mélancolique au talent incontestable, publie régulièrement à seulement quelques années d’intervalle de séduisantes « galettes » musicales, douces amères et nostalgiques, toujours encensées par la critique hexagonale et toujours vendues à des millions d’exemplaires. Car, dans l’espoir qu’on ne l’oublie pas, Alain Souchon s’est, au fil du temps (plus de 30 années de carrière quand même), façonné une drôle d’image de chanteur discret, doucement manifeste, assez subtil, venant faire la nique aux plus grandes stars internationales en leur piquant la première place des ventes de single en France. Surtout, à 64 ans, toujours dans l’espoir qu’on ne l’oublie pas, Alain Souchon sort Ecoutez d’où ma peine vient (déjà le titre !), un album moins bon que le précédent, La vie Théodore, lui-même moins abouti que celui d’avant, Au ras des pâquerettes, moins réussi que ... Forcément, à traiter toujours des mêmes thèmes (les illusions amoureuses, le temps qui passe, l’immigration, la société de consommation ...) sur le même ton (une nonchalance assumée un tantinet fatigante) , avec des mélodies de moins en moins originales (non pas que Voulzy, ici pratiquement absent, soit un musicien indispensable mais il faut bien avouer qu’il a des qualités de mélodiste que son compère n’égale pas) et des textes de moins en moins inspirés (on appelle ça « tourner en rond »), on n’oublie effectivement pas Alain Souchon. Mais bon, tout aussi sympathique qu’il soit, il faut bien admettre qu’Alain Souchon devient gonflant. Ou alors est-ce tout simplement qu’il est ... rassurant ?! Oui, c’est ça, constant et surtout inlassablement rassurant !

Ce doit être ça, le rôle d’un chanteur de 64 ans. En ces périodes de crise et de perpétuel renouvellement (des machines, des gens, des idées, de l’air, des sentiments ...), on sacrifie l’exaltant sur l’autel du rassurant, ou plutôt, oui plutôt, du réajustement ... c’est plus sage, moins révoltant et surtout pécuniairement beaucoup plus intéressant !!!!! Ben voilà ! Moi aussi, j’ai de la peine maintenant ...

jeudi 15 janvier 2009

TWILIGHT ... BEN OUAIS !

Adaptation du premier tome d’une série de bouquins à succès, contant les amourettes chastes particulièrement prévisibles d’une adolescente « chauffée » (ben oui !) par un jeune et séduisant vampire « très comme il faut » (mais si, j’vous jure), Twilight : fascination se classera assurément en bonne place au tableau des grandes crétineries de ce début d’année. En effet, rarement m’aura été donnée l’occasion de voir à ce point une pleine salle s’esclaffer devant tant de mièvrerie (d’habitude, à ce stade là, on se barre). Est-ce à dire que ce (très) long téléfilm pour teenagers pré-gothiques en mal de « sucrerie dégoulinante sulfureuse » vaut plus que son scénario équivalent à la rédaction d’une collégienne excitée en mal d’inspiration et son absence radicale de second degré ? Faute de ne pouvoir pas plus en attribuer les bénéfices à une interprétation somme toute médiocre (la jeune héroïne s’ingéniant tout du long à exprimer sa consternante notion du désir en poussant, lèvres légèrement ouvertes, sa langue contre ses incisives - on appelle ça du comique de répétition - ... le pauvre joli vampire, qu’une maquilleuse cruelle à la main plutôt lourde n’a pas épargné, et dont le jeu flirte dangereusement avec le néant absolu ...), à une réalisation d’un niveau insoupçonnable et à des effets spéciaux pitoyables, on cherchera en vain (la B.O.? la photo ? l’éclairage ? les paysages ? ...) la vraie raison d’autant d’indulgence (celle qui justifierai d’être resté jusqu’au bout) ... Euh ?! ...

lundi 12 janvier 2009

EL ARGENTINO

S’appuyant sur sept années d’études, de rencontres et d’entretiens un peu partout à travers le monde, le réalisateur Steven Soderbergh et l’acteur Benicio Del Toro, tous deux producteurs de ce biopic sincère mais ardu composé de deux longs films, confrontent ainsi le grand public (au sens large du terme) au parcours du plus fameux des révolutionnaires, Ernesto « Che » Guevara.
Tout d’abord, mettre les pendules à l’heure : ceux qui attendent de cette première partie intitulée L’argentin, quelques révélations croustillantes, inattendues (hormis le fait qu’il était effectivement argentin et asthmatique), seront forcément déçus. A contrario, ceux qui souhaitent une remise à niveau un tantinet scolaire, en seront également pour leur frais puisqu’il semblerait que ce Che1 s’adresse en tout premier lieu, et malgré un sujet qui forcerait l’enthousiasme de tout distributeur susceptible de vouloir engranger un maximum d’entrées en un minimum de temps (qui plus est en demandant aux spectateurs d’acheter un deuxième billet pour voir la suite), aux érudits inconditionnels de stratégie militaire et d’histoire latino-américaine couvrant les cinq dernières décennies.

Sec, abrupt même, on entre dans le vif du sujet comme si on venait tout juste de poser un recueil chronologique et didactique de la révolution cubaine dont ce Che, au demeurant assez convainquant pour vous donner envie d’en remettre une deuxième couche le 28 janvier prochain (date de sortie de Guerilla), ne serait presque que le complément illustré, mais parfois trop sommaire.
Entrecoupé ça et là par la reconstitution d’une interview donnée lors de la visite américaine aux Nations Unies du Héros - héraut ! -  alors auréolé de toute sa gloire, et d’images d’archives (notamment dans toute la phase d’introduction, un tantinet cafouilleuse et perturbante), la majorité du récit se concentre uniquement et quelques fois maladroitement sur le personnage principal du film, privilégiant systématiquement sa façon d’être, de penser, et laissant forcément au second plan les autres acteurs importants de la révolution (ce qui donne parfois l’impression de passer à côté de l’évènement), excepté lorsque sont mis en scène quelques échanges (pour la plupart assez révélateurs des différences entre les deux hommes) avec Fidel Castro.

Ainsi, difficile d’évaluer pour le moment la qualité et l’impact du travail effectué sur ce projet par les deux compères (dont il s’agit de la seconde collaboration après l’indigeste Traffic), le diptyque ascension/chute devant être vu et perçu dans son ensemble pour intégrer la notion définitive de destin, ici volontairement celui de l’homme plus que celui de l’icône. On se plaira donc principalement à suivre les pérégrinations territoriales et combatives d’une poignée de rebelles qui devinrent des milliers au travers de la fascination qu’exerçaient sur eux, entre autres meneurs, cette figure hors du commun. Un exercice intéressant ... 

samedi 10 janvier 2009

VATICANO

 On peut avoir le goût inné de la découverte, la curiosité sincère et la passion du voyageur, certaines notions, telles des barrières que l’esprit concrétise, semblent infranchissables, et ce dans un sens comme dans l’autre.
Comme beaucoup, je traîne les pieds à l’idée de pénétrer dans l’enceinte d’une église et, plus généralement, dans la plupart des lieux de culte, de dévotion.
Réfractaire à certaines notions, fortes de sens, que véhiculent les croyances et religions, le simple fait d’envisager qu’il me faille patienter des heures pour visiter un monument emblématique de la religion catholique, et pas n’importe lequel puisqu’il en est la représentation même, n’avait rien pour moi de très enchanteur.
Heureusement novembre et son temps maussade atténuent la volonté de beaucoup de touristes, même des plus dévots et des plus acharnés …


… et c’est sans attente aucune que nous avons, non seulement, franchi les portes de l’immense basilique Saint-Pierre, mais également de l’extraordinaire musée du Vatican, véritable grotte aux trésors à l’intérieur de laquelle la chapelle Sixtine fait figure incontestable de chef-d’œuvre inégalable.


Au retour, quand le jour baisse déjà, des nuées de milliers d’oiseaux se rassemblent pour la nuit et dessinent dans le ciel chargé de lourds nuages gris, des volutes majestueuses, captant l’attention de promeneurs épars. Un vrai spectacle …

mercredi 7 janvier 2009

WANTED AND DESIRED

En 1977, inculpé à la suite d’une relation sexuelle avec une jeune fille de 13 ans, Roman Polanski fuit les Etats-Unis pour s’installer définitivement en Europe. En 2007, très exactement 3 décennies plus tard, la réalisatrice américaine Marina Zenovich, revient avec force de détails et le recul nécessaire pour observer cette extraordinaire époque aujourd’hui révolue (à venir mon post à propos du formidable Easy Riders, Raging Bulls : How The Sex 'n' Drugs 'n' Rock 'n' Roll Generation Saved Hollywood de Kenneth Bowser), sur ce pénible fait divers, en s’appuyant sur des archives exceptionnelles et sur les témoignages des principaux acteurs de l’affaire : la victime tout d’abord (!), mais aussi les avocats, l’assistant du procureur (seule personne alors susceptible de ne pas avoir eu de relation avec une mineure !!!), des policiers, des journalistes et, bien entendu, quelques proches du cinéaste. L’occasion aussi de retracer le parcours cruel et la vie semée d’embûches d’un grand auteur du septième art, dont l’intégralité de l’œuvre n’a jamais eu pour seul but que celui de sonder les profondeurs obscures de l’âme humaine.

Réchappé à 10 ans du ghetto de Cracovie (alors que sa mère est assassinée par les nazis et que son père est déporté), il subit les foudres de la censure stalinienne pour son premier long métrage Le couteau dans l’eau, à la suite de quoi il quitte la Pologne pour la Californie, où sa jeune femme enceinte (l’actrice Sharon Tate, rencontrée à Londres sur le tournage du Bal des Vampires) est assassiné par une bande de psychopathes dans leur villa de L.A. … de quoi en désarçonner beaucoup. Mais, et c’est notamment ce que le documentaire de Zenovich a de passionnant, Polanski lève toujours la tête et regarde, indéfectible, ceux qui l'observent, le jugent sans jamais, jamais baisser les yeux.
D’être attirant, captivant même, au charisme indéniable et totalement hypnotisant, le réalisateur dont la petite taille n’était pas alors, idéologiquement parlant, un avantage, deviendra au fil du sort qui s’acharne sur lui et des erreurs qu’il ne cesse de cumuler (sans toutefois les regretter) le « nain vicieux et calculateur … » que des journalistes affamés et un juge inconstant en mal de reconnaissance, finiront presque par briser.

Extrêmement clair, précis, foisonnant, dépourvu de tout voyeurisme, de toute complaisance ou de jugement, Polanski : Wanted and Desired est un parfait exemple d’intégrité journalistique, un travail remarquable et fascinant. 

lundi 5 janvier 2009

LA VILLA MÉDICIS

Nichée sur une colline dominant de toute sa majesté le cœur de la ville, la Villa Médicis est, comme l’a si joliment illustré son directeur actuel Frédéric Mitterand dans les lignes d’un quotidien parisien, un petit confetti français posé sur le sol italien.
Aussi, résider ne serait-ce que 5 jours dans ce fameux palais Renaissance, emprunter, par nécessité tout d’abord, puis par plaisir et rapidement par défiance, les hautes marches qui mènent de la place d’Espagne jusqu’aux hauteurs du Mont Pincio, arpenter solitaire les allées de son jardin, 7 hectares en plein Rome, et surtout s’approprier l’une des gigantesques chambres (la salle d’un musée !) de l’Académie Nationale de France feront indiscutablement parti de ce que mon environnement professionnel et ses rares avantages m’auront offert de mieux.
Si, de prime abord, la façade sévère et l’atmosphère presque austère ne sont guère engageantes, une fois l’habitude prise de franchir l’étroit portillon (baisser la tête surtout), de grimper l’interminable escalier en colimaçon pour parvenir enfin dans la pièce monumentale où voisinent un grand lit d’apparence spartiate (mais qui semble bien petit sous ce plafond immense) et un étrange piano à queue, surprenant sous de bien sobres tentures dont s’ornent strictement les murs pétris d’histoire, on mesure sa chance, on apprécie l’espace, on admire les lieux. 


Par la fenêtre unique, les pins parasols règnent sur le parc où de rares visiteurs, qu’un hiver rigoureux et sa pluie intermittente n’ont pas encore découragé, laissent leur imagination vagabonder au fil de statues mélancoliques et de fontaines délaissées.
Ici le silence est maître. A la fois proche du tumulte citadin et loin de l’effervescence touristique, l’incroyable bâtiment offre son âme, sa majesté, à qui se laisse prendre à son enchantement.


Parmi ceux-là, plasticiens, designers, musiciens, peintres, scénaristes ou même cuisiniers ... tous pensionnaires, pour quelques mois ou pour quelques années, y sont les hôtes très discrets de ce haut lieu emblématique de la culture française.
Inspirés ? Forcément, on l’espère. Comment ne pas l’être ?

jeudi 1 janvier 2009

ROMA CENTRO

S’il est convenu de considérer que l’une des plus belles villes du monde, Venise, n’est pas l’Italie, on reconnaîtra de la même manière que Rome, qu’elle que soit le bout par lequel on décide de commencer à arpenter son histoire (ses sites, ses places, ses monuments ...) n’est pas une capitale tout à fait ordinaire. Véritable musée à ciel ouvert, elle apparaît aussi grandiose que déconcertante, aussi riche et vivante que, par certains côtés, triste voire misérable. 
C’est certainement ce qui fait le mystère et donc le charme de cette fameuse cité aux 7 collines, où, quoi qu’on fasse, il est absolument impossible d’oublier qu’on se trouve en plein cœur du catholicisme. Des centaines d’églises et de lieux de culte très entretenus et, certes, pour la plupart magnifiques, à tous les coins de rues, de ruelles, dans tous ses passages, jouxtent des constructions, habitations, échoppes et autres, qu’un manque flagrant de moyens et une absence de détermination laissent s’abîmer, se dégrader ... 

Au centre d’un dédale urbain pollué (à tous les sens du terme) par la voiture, mais qu’aucune solution raisonnable ne semble pouvoir améliorer, le romain affable abandonne ses trésors au touriste, à la fois subjugué par sa proximité avec le passé extraordinaire qui se révèle sans aucune contrainte ni difficulté, mais désorienté par l’absence ou la perte de repère social, populaire et communautaire qu’effectivement presqu’aucun musée n’a la fonction de promouvoir. 
En perdant en son centre toute cette profonde culture, tout ce système fondamental, toute cette vie captivante, passionnée et sincère, que de nombreuses boutiques de luxe, de souvenirs, trop de « pizzerias » (fastfoods à l’italienne ?) et de bâtiments dévoués à une administration envahissante ont fini par flanquer à sa porte, poussée hors de ses limites, Rome perd l’essentiel de son âme, un peu de ce qu’un Fellini, un Rosselini ou encore un DeSica savaient en extraire pour en dessiner superbement l’identité, cette fameuse dolce vita qu’ils nous ont tant vanté.


Cinq jours à Rome, certains trouveront ça un peu court, je vous l’accorde. Mais la ville, idéale pour les adeptes de la marche que les transports en commun parisiens ont fini par lasser de tout déplacement assisté, facile et totalement appropriée à la découverte par soi-même, est une invitation à la flânerie et à la déambulation rêveuse, imaginaire. 

Hormis une météo moins clémente que ce qu’une sélection de souvenirs cinématographiques laissait présager, Rome n’est pas avare. 



Sorti des sentiers battus et rebattus par les visiteurs fatigués qu’une simple terrasse chauffée et une cuisine sans inspiration satisfont aisément, on trouve au hasard des ruelles moins fréquentées, et parfois sur les conseils avisés de quelques habitués, de merveilleuses adresses où le vin, les pâtes, la charcuterie, le fromage et certaines douceurs (un tiramisu, des glaces ?) sont de véritables invitations au péché de gourmandise ... un comble, pas vrai ?!