vendredi 30 mai 2008

SAVEURS DE L'EMBROUILLE

Coupable d’avoir laissé ses fans les plus accros à la dérive, en leur livrant successivement deux opus peu convaincants (plus un best of à la ramasse) pendant qu’elle batifolait allègrement ...

... dans les bras d’un bellâtre sans envergure, Alanis Morissette revient enfin, triste, esseulée, mais avec sous le bras l’album tant attendu d’une rédemption salutaire.

Certaines personnes pas toujours bien intentionnées, dont l’optimisme n’est pas l’une des caractéristiques majeures, racontent souvent qu’en matière de création la rupture amoureuse et la douleur qui s’ensuit sont une source intarissable d’inspiration.
Indéniablement, la canadienne aura tiré toute la substance, toute la saveur de Flavors of Entanglement de cette séparation, semble-t-il, salvatrice.

Ainsi, aux habituels morceaux d’inspiration rock (ceux de Jagged Little Pill, son méga succès) qu’elle a eu, par la suite, le goût certain de tirer vers une approche carrément pop (sur l’excellent Supposed Former Infatuation Junkie) la jeune femme inspirée par son nouveau complice, le producteur Guy Sigsworth (Björk, Madonna …) s’en est allée piocher ça et là de bonnes idées rythmiques dont l’inspiration électronique trouve sa source principale au cœur de la dance et du hip hop.

Choeurs masculins, guitares acoustiques, piano voix (Not As We), mais aussi toute une ribambelle d’incursions organiques, trouvent ainsi leur place au fil d’un album complètement en phase avec les préoccupations d’une auteure dont la politique, thème favori mais toujours dans son approche la plus démagogique (Citizen of the Planet et son refrain énervé), laisse enfin une place considérable à des situations plus personnelles auxquelles chacune, chacun peut trouver l’échos dans ses propres expériences (Tapes, Torch ou encore Moratorium).

Si Underneath, premier single, laisse les habitués sur leur faim d’originalité, impossible de ne pas succomber à cette succession de ballades douces amères dont Straitjacket, morceau le plus savoureux et le plus dansant, se fait l’échos très novateur.
Aaaaah … ou comment se faire du bien tout en se faisant du mal ...

mercredi 28 mai 2008

RICHARD AMSEL

Illustrateur prolifique et graphiste réputé, Richard Amsel a débuté sa carrière d’affichiste, principalement orientée vers le cinéma, alors qu’étudiant au College of Art de Philadelphie ...
image
... il fut lauréat, à seulement 22 ans, du concours de posters organisé par la 20th Century Fox pour le lancement de la comédie musicale Hello Dolly ! avec Barbra Streisand.
image Rapidement repéré, notamment par l’industrie du disque (l’illustration de la pochette de l’album The Divine Miss M de Bette Midler), il consacra une grande partie de son talent à travailler sur les plus fameuses productions hollywoodiennes des années 70.
image
Reconnu pour son style illustratif, figuratif et assez nostalgique, il collabora également de nombreuses fois au très populaire TV Guide, pour lequel il réalisa plus de 40 couvertures, en fait autant de portraits de vedettes ou de stars de l’entertainment US.
image Alors que dans les années 80, comme certains de ses confrères les plus réputés (le vétéran Bob Peak et dans un style plus moderne le jeune Drew Struzan ...), il observe l’explosion de la photographie dans les nouvelles campagnes promotionnelles des studios, Amsel devient l’une des pièces maitresses de productions que la qualité artistique de son travail complète astucieusement et dont Raiders of the Lost Ark est l’exemple le plus fameux.
image
En 1985, gravement malade, il dessinera sa dernière affiche pour le troisième volet des aventures de Mad Max (Beyond Thunderdome) puis décèdera, prématurément, à l’âge de 38 ans.
image

lundi 26 mai 2008

AVEC LE TEMPS ...

Pour Noël, tous les membres d’une famille en crise se rassemblent autour de Junon, la mère. Atteinte de leucémie, elle attend de trouver le donneur compatible pour une greffe de moelle osseuse ...
image
Pas évident ! Non, pas évident d’entrer dans cette énième fable du très hermétique Arnaud Desplechin, dont le thème principal interpelle autant qu’il paraît ici parfois bien bancal.
image
Une nouvelle fois en cause, la réalisation. Encombrée de subterfuges scénaristiques et autres astuces pour le moins discutables, elle alourdit, voire gêne, une narration déjà très fragmentée. Pourtant, force est de constater que patience paye.
image
Lorsque tout ce petit monde, auquel on peine à s’attacher, se retrouve enfin pour le pire mais aussi pour le meilleur, sous cet arbre (de noël) généalogique jusque là très dispersé, on se laisse happer par les failles de cette cruelle comédie plus vacharde que réellement dramatique.
C’est d'ailleurs cette totale absence de Drame, complètement désamorcé par une discrète direction d’acteurs d’où se détachent les personnages les plus impitoyables, forcément les plus emblématiques de cette tribu un peu brouillonne, qui fait de ce Conte de Noël une œuvre singulière et riche à la fois.
image Véritables détonateurs d’une farce qui puiserait son énergie dans une succession de scènes inégales, les forces vives (Deneuve l’égoïste et Amalric le banni) joutent avec délectation.
Les dialogues, crûs, émouvants, violents, transcendés par l’humour, l’absurde ou la colère, cernent la vie quand on y parle (presque) que de la mort.
image
Aussi réjouissant qu’agaçant, passionnant que décevant, un puzzle familial qui s’apprécie(ra) ... avec le temps !

jeudi 22 mai 2008

LES VIEUX POTS

4ème aventure cinématographique du célèbre archéologue herpétophobique, à la recherche du secret des crânes de cristal pour le plus grand désarroi de russes très très vilains ...
image
Indiana Jones, 20 ans après, qu’en reste-t-il ? Le souvenir impérissable d’un film culte (et deux sequels) de légende, auquel le talent, l’humour et l’intelligence de deux copains, Spielberg et Lucas, ont su apporter énergie, saveur, second degré ... et succès.
Est-ce ce succès, que peineraient éventuellement à retrouver les deux compères, qui nous vaut justement aujourd’hui le retour de l’icône jadis idolâtrée par les jeunes étudiantes du Marshall College et, accessoirement, les millions de cinéphiles du monde entier ?
image
Las, vieilli (très ... trop), pataud, Harrison Ford ne donne plus le change. Le héros fatigué fait presque peine à voir et c’est avec beaucoup de suspicion qu’on voit sa doublure escalader empilements de caisses, montagnes, cascades et temples, sauter de moto en voiture alors qu’une simple petite course semble épuiser la star extrêmement marquée.
Les cheveux presque blancs, le visage un peu pâle, les rides fortement creusées et les épaules voutées, le mythe a perdu de sa superbe, et l’octroie d’un fils déjà âgé, tout comme ses retrouvailles avec une Karen Allen que les ans et l’absence de rôle n’ont pas épargné, n’arrange en rien le postulat de départ : moins alerte, moins sexy, moins fringant et ... moins drôle, Indiana Jones lui-même est le premier point faible de ces retrouvailles superflues qu’une histoire indigeste et une réalisation sans grande inventivité n’envisagent même pas de sauver.
image Les références ENOOOOOOOOORMES à un cinéma de genre (Indiana Jones lui-même, puis Alien, Rencontre du 3ème type, mais également American Graffiti et toute une multitude de séries B ...) semblent combler les trous d’un scénario particulièrement stupide où chaque invraisemblance, chaque incohérence (même si l’esprit bande dessinée reste de mise, il y a des limites) surpasse la précédente (pour mieux nous permettre de l’oublier ?).
image
De péripéties incompréhensibles en morceaux de bravoure abracadabrants, le film aux accents nostalgiques se perd finalement dans les discours à l’emporte pièce où communisme, guerre froide, famille et science-fiction sont appelés à la rescousse d’auteurs en grand manque d’inspiration cherchant à palier piteusement la disparition du nazisme, la fin de la deuxième guerre mondiale, l’absence de tension sexuelle et celle de la mythologie.
image
Effets spéciaux datés, carton-pâte amidonné, interprétation figée (Cate Blanchett raide comme un piquet, ça vaut son pesant de cacahuètes) et réalisateur largué ... le résultat final, qu'un avis mitigé aurait considéré comme surévalué, aurait pu aboutir directement là où les extraterrestres de cet ultime volet s’en sont allés : un espace entre les espaces, lieu si énigmatique qu’il est impossible à envisager, un endroit tellement conceptuel que même les vieux pots (ceux dans lesquels on fait les meilleures soupes) en sont tenus écartés ...

mardi 20 mai 2008

L'AUDACE EN LaCHAPELLE

C'est beaucoup plus drôle, si on veut photographier une fille assise sur un champignon, de fabriquer le champignon et de l'asseoir dessus, que de le faire à l'ordinateur.
image
De même si on veut mettre une fille nue et un singe en plein Time Square ...
image
Photographe né sous les meilleurs auspices, David Lachapelle réalise son premier cliché (Madame Lachapelle mère en bikini sur le balcon d’un appartement de Puerto Rico, un verre de Martini à la main) à 10 ans.
Depuis, après avoir exercé sa passion au célèbre studio 54 où il rencontre Andy Warhol, qui lui permettra principalement de travailler pour le fameux magazine Interview, Lachapelle est devenu l’une des personnalités les plus emblématiques du monde de l’art et de la communication visuelle de ces quinze dernières années.
image
Imposant, au fil d’une carrière qui explose dans les années 90, une inventivité et un style (couleurs vives saturées, décors kitchs, pauses très suggestives ...) toujours audacieux, il s’inspire sans complexe de l’histoire de l’art pour traiter à la manière d’un portraitiste, flirtant avec ou plutôt parodiant l’imagerie porno-chic, la société de consommation, son absence de sens et de spiritualité (sa dernière création, Le Déluge, est une libre interprétation du chef-d’œuvre de Michel-Ange).
image
Référence incontournable dans le domaine de la photographie de mannequins et de vedettes américaines pour de nombreuses publications(Vogue, Vanity Fair, Rolling Stone ...), il signe pour chacune d’elles de savoureuses mises en scène dont Amanda Lepore, sa muse transsexuelle, reste l’unique personnage récurrent.
image
En 2005, fort d’une expérience dans le domaine des clips et désireux de s’éloigner du milieu de la presse magazine pour se consacrer à un travail plus personnel (expositions, réalisation de documentaires et direction de pièces de théâtre ...), il tourne Rize (primé au Sundance Film Festival et à l'Aspen Film Festival), documentaire sur le krumping et le clowning, danses rapides très complexes aux allures de capoeira moderne originaires de la communauté Afro-américaine de South Central Los Angeles.
image

lundi 19 mai 2008

DEATH CAB FOR CUTIE

La perle rock de ce mois de mai 2008 nous est offerte par un groupe resté considérablement discret - pour ne pas dire inconnu - jusqu’alors, mais qui risque fort de ne plus l’être ...
image
... car Death Cab For Cutie (un nom à coucher dehors ... en fait un hommage à une obscure chanson du Bonzo Dog Doo-Dah Band) réussi l’exploit, ô combien exceptionnel en cette longue (très longue) période pour le moins dévouée aux drastiques impératifs et diktats imposés par les Majors (saluons donc ici la valeureuse Atlantic Records), de proposer un single d'une qualité artistique indéniable et surtout d’une durée totale de 8 minutes 33 secondes.
image Inutile d’espérer entendre ou voir entièrement le très mélodieux I Will Possess Your Heart à la radio ou dans votre robinet à clip préféré, d’autant que les 5 premières minutes sont purement instrumentales, mais impossible ici de ne pas vous proposer ce mini court planant et carrément génial, concocté par la bande à Ben Gibbard qui signe ainsi, avec Narrow Stairs (successeur de Plans, acclamé par la critique et nominé dans la catégorie meilleur album de rock alternatif aux Grammy Awards en 2005), leur album à la fois le plus accessible et le plus abouti d’une carrière qui en compte déjà huit.
Bonne balade !

LE SLEEVEFACE ...

... ou l’art de cacher, voire de remplacer une partie de son corps avec une pochette de disque dans le but de créer une illusion graphique et surtout photographique.
image
Véritable phénomène international, ce « passe-temps » plutôt drôle, extrêmement régressif mais aussi, parfois, assez créatif, trouverait ses origines au Pays de Galles entre 2006 et 2007 dans le cadre de plaisanteries organisées par un cercle d’amis principalement composé de Carl Morris, responsable d’un label indépendant et de son camarade Dj John Rostron, lui-même propriétaire d’une quantité considérable de vinyles.
image Plutôt satisfaits de leurs trouvailles, les deux gallois décident un jour de mettre en ligne leurs créations les plus originales, déclenchant alors un mouvement qui prend toute son ampleur dès la fin de l’année 2007 ... mouvement qui compterait désormais plus de 12 000 membres susceptibles de proposer leurs essais photographiques sur le site sleeveface.com ou tout simplement sur flickr.
De quoi passer un bon moment !!!!
image