mercredi 30 avril 2008

FRIANDISE

Enfin, pour terminer ce joli mois d’avril (ah non, dans la chanson c'était le mois de mai, c’est vrai), impossible d’échapper à l’évènement « musical » de ces dernières semaines ...
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... la tonitruante sortie (avancée pour cause de piratage) de Hard Candy, le nouveau Madonna !!!
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Bon voilà, tout est dit ou presque, de FranceCul (critique) à Elle (interview) en passant par Libé, le Figaro et j’en passe ... tout ce petit monde médiatico-snob s’autoproclamant référant confirmé en la matière (artistique ? musicale ? journalistique ?) a déjà donné un avis, souvent plutôt négatif, sur le 11ème album de la Ciccone, petite friandise aguicheuse intelligemment formatée.
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De prime abord, mauvaise surprise : un packaging hideux, pour ne pas dire à chier, malgré des photographies signées Steven Klein (la Star en mère maquerelle sur fond de sucrerie rose vif écoeurante), mais il faut reconnaître que le code graphique aux couleurs acidulées, simpliste et reconnaissable instantanément, fonctionne parfaitement.
image Tant pis, on passe au plus important (euh, la musique !) ...
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(Sur)produit par des acolytes ultra confirmés, des « pointures » de la variété R’n’B internationale, Timberlake, Timbaland, Williams et « Danja » Hills, il s’en est fallu de peu que Hard Candy ne soit en fait qu’une quelconque resucée (!) plus ou moins passable de références ultra-codifiées du genre.
C’est sans compter sur la « patte » de la Madonne qui, en grande consommatrice abusive de producteurs entièrement dévoués à son égocentrisme, a toujours su capter dans l’air du temps l’énergie et les dispositifs qui lui ont régulièrement permis d’imposer une personnalité somme toute remarquable.
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Si, contrairement à son jeune comparse, elle paraît quelque peu noyée par le flot rythmique ravageur d’un premier extrait (4 minutes) qui figurera en bonne place dans un énième best of prévisible (l’album clôt l’association de la chanteuse avec le géant du disque Warner), l’ensemble, où surabondent les participations sélectives (Kanye West par exemple), fait plutôt bonne figure et prolonge encore la période dansante engagée lors de ses Confessions ... précédentes.
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Ainsi, excepté quelques titres moins inspirés voir préjudiciables pour une entertainer de ce calibre (Miles Away, mélange lourdingue de Don’t Tell Me et Love Profusion sans l’étincelle, ou pire, Spanish Lesson indiscutablement très mauvais), on se délecte des tempos disco-chic rehaussés de basses généreuses et de guitares eighty’s.
Au-dessus d’une mêlée de singles éventuels (Give It 2 Me emporte tous les suffrages, Heartbeat balance pas mal, Candy Shop est engageant) deux titres imposent d’emblée le caractère trempée de celle qui s’en sort encore une fois haut-la-main : le captivant She’s Not Me, mélodie middle tempo de 6 minutes aux sonorités rappelant les Chic période Diana Ross résume à lui seul tout un pan d’une longue carrière pour le moins hétéroclite alors que, sans nul doute, le malicieux Beat Goes On, au véritable potentiel de petite bombe dansante, subira sans trop d’ombrage l’épreuve d’écoutes à répétitions ...
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Au final (c’est-à-dire juste après l’excellent Voices, belle ballade inspirée), loin d’égaler qualitativement parlant les deux grandes réussites qu’étaient alors Ray Of Light (avec l’anglais William Orbit) et American Life (avec le français Mirwais), Hard Candy assume totalement son rôle de faire valoir un peu vulgaire, petite performance ambitieuse d’une artiste pop au statut incomparable dont la principale qualité, même si elle est d’ordre mercantile, reste de savoir se vendre au plus grand nombre.
C’est bien le propre des meilleures cochonneries, non ?!
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( ... bon ben moi je me fous les écouteurs sur les oreilles et je me casse voir le soleil dans le sud ... C U !!!)

mardi 29 avril 2008

THE FALL

Dans un hospice, un jeune cascadeur allité se lie d’amitié avec une fillette désœuvrée à laquelle il raconte les histoires fantastiques de personnages extraordinaires ...
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Univers oniriques et imaginaire visuel très particulier, acteurs peu connus (Lee Pace et la petite Catinca Untaru), sortie sans cesse repoussée ...
The Fall, film du très rare Tarsem (Singh, qui avait signé The Cell ... pas indispensable) se sera fait attendre un bon moment avant de trouver en David Fincher (Fight Club, Alien 3, Zodiac ...) et Spike Jonze (Dans la peau de John Malkovich ...), les deux principaux moteurs susceptibles d’en booster la distribution.
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C’est chose faite puisque cet étrange ovni cinématographique tourné entre deux clips de 2004 à 2006 qui, si l’on s’en tient à la bande annonce, n’est pas sans rappeler les ambiances chères à Alejandro Jodorowsky (La montagne sacrée), ou même Guillermo Del Toro (L’échine du diable), devrait enfin sortir aux Etats-Unis ces prochains jours.
image Si le résultat final (alternance de deux mondes, confrontation du réel et de l’imaginaire, esthétique très publicitaire, magnifiques costumes d’Eiko Ishioka ...), régulièrement présenté dans de nombreux festivals et lors d’une sortie exclusive en Russie, ne laisse pas les cinéphiles de marbre (on adore ou on déteste), force est de constater qu’il n’a pas encore réussi le tour de force de séduire les distributeurs français ... qui par ailleurs ne manquent pourtant pas de nous infliger de nombreux navets !
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Alors ?! Encore un petit coup de pouce ????

L'ESPRIT D'EISNER SELON MILLER

Justicier sous le masque, traquant sans relâche les criminels auxquels il inflige toutes formes de punitions, The Spirit est un détective qui met en scène sa propre mort afin de combattre ...
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... dans l’ombre, le vice à Central City, mégapole où règne Octopus, créature assassinant quiconque voit son visage.
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C'est donc malgré l'avis des fans déchainés du personnage créé par Will Eisner, que le talentueux auteur de comics Frank Miller (Sin City, Dark Knight Returns, Hard Boiled, 300 …) s’est d’ores et déjà attaqué à l’adaptation de ce monument de la bande dessinée U.S. plutôt sombre.
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Pour sa première réalisation en solitaire (il avait auparavant collaboré avec Robert Rodriguez sur le tournage de Sin City, l'adaptation de sa propre bande dessinée), le maître s’est octroyé les services d’une pléiade de stars : Samuel L. Jackson, Scarlett Johansson, Eva Mendès et Gabriel Macht (moins célèbre) dans le rôle titre.

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Le tout filmé selon la fameuse technique du blue screen (acteurs filmés sur fond bleu ou vert, décors et personnages rajoutés par la suite) déjà éprouvée avec force savoir-faire sur Sin City (à l'esthétique similaire) et 300.
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Sortie prévue le 4 février 2009 … connaissant mon penchant pour les héros déguisés vous imaginez mon impatience !

lundi 28 avril 2008

PAS DUPE

Aux Etats-Unis en 1925, le capitaine des Bulldogs, footballers professionnels lâchés par les sponsors, persuade une jeune star de la fac, héros de guerre et idole des foules, de rejoindre leur équipe.
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Une charmante journaliste se joint à eux pour relater leurs exploits ...
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A la fois producteur, acteur et réalisateur de son troisième film, le séduisant Georges Clooney s’en donne à cœur joie et ça se sent.
Il faut dire que la star, grande adepte de l’autodérision, entourée de camarades plus enjoués les uns que les autres (Zellweger en pleine forme), s'est visiblement beaucoup amusée à pasticher les screwball comedies à la Capra et consort, ses films un peu dingues de l’Hollywood d’un autre âge. Sauf que ...
imageSauf que malgré toute l’énergie et la meilleure volonté du monde, Jeux de dupes (Leatherheads, "têtes de cuir" en version originale) s’essouffle vite.
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D’une part, le charisme de Clooney (pourtant plus ravageur, il est vrai que celui d’un Cary Grant bien longtemps avant lui), pièce maîtresse d’une farce qu’un scénario confus ne permet pas d’apprécier sur sa longévité, n’emporte le spectateur que le temps d’une seule scène, parfaite, de séduction dans une boîte de jazz ; c’est un peu court.
D’autre part, l’exercice de style, tout amusant qu’il soit mais sans génie ni trouvaille, s’avère vite aussi creux que l’histoire : on a beau convoquer Wilder, Hawks et tous les autres, l’ensemble fait sourire mais semble bien banal et tourne à vide au regard d’une filmographie qu’on sait déjà plus engagée et moins potache.
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Sans envergure, victime d’un manque d’ambition considérable, cette petite série B désinvolte pulsée par un duo de tête qui aurait pu donner le change à d’autres comédies estampillées Old U.S. (O’Brother des Coen, mais en moins bien fichu), profitera juste du calendrier bancal d’une saison cinématographique pour le moins léthargique ... vivement le soleil !

mercredi 23 avril 2008

MARIA ANTONIA ET CETERA

Grande star d’un battage médiatique savamment orchestré par une presse en manque d’évènements parisiens capables de porter les foules dans les salles dispendieuses de musées ...
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... galeries et autres réceptacles fourre-tout d’idées (pas toujours très abouties) de la toute puissante et sacralisée ligue des conservateurs du patrimoine, l’exposition phare du grand Palais réjouie ou agace, selon le taux de fréquentation du jour et selon l’humeur.
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Exposer de manière totalement théâtralisée, en trois actes très distincts, la vie de Marie Antoinette, c’est avant tout ramener l’Histoire, celle de la France comme celle de la Reine, à une dimension simplifiée voire simpliste que les plus érudits ne sauraient manquer de reprocher à des commissaires qu'on imagine sans peine aguerris et prévenus.
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Mais c’est aussi (et c’est tant mieux) l’opportunité de proposer au plus grand nombre, dont celles et ceux qui ne parcourent pas forcément assidûment les parquets sélectifs de nos institutions culturelles, la possibilité de pénétrer deux univers considérés comme « réservés », l’historique et l’artistique, en traitant un sujet passionnant sur le plan purement scénographique.
imageC’est ce qui fait la qualité et le défaut de ce projet !
A trop vouloir être esthétiquement démonstratif, on n’en vient plus qu’à considérer l’aspect superficiel et parfois anecdotique du propos tel qu’ainsi traité.
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On ne s’ennuie pas certes. Malgré tout, on finit par accélérer le pas à arpenter, sans autre fil conducteur qu’une succession de tableaux colorés très chichement mis en scène, les salles plus ou moins garnies et décorées.
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Point culminant, chapitre final, le couloir dit « de la mort », passionnant à plus d’un titre (documents exceptionnels), réussit presque le tour de force de gâcher la fin d’une visite jusque-là assez joliment illustrée pour être amusante, de part la médiocrité de ses vitrines bien mal pensées et d’un éclairage bien mal inspiré : on se gène, on s’excuse, on se précipite et on se pousse ... bref, on n’y voit goutte !!!!
Tout ça pour ça ?

jeudi 17 avril 2008

MONSTRES ...

Biologiste et photographe « sous-marin », Rob Stewart (non, pas Rod le blond chevelu, Rob !) est passionné par les requins, véritables Seigneurs des mers victimes d’éradication en masse ...
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... à des fins commerciales dans une quasi indifférence flagrante due, selon lui, au mythe persistant de saigneurs d’hommes perpétué par une industrie cinématographique en mal de thèmes accrocheurs.
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A la fois producteur, réalisateur, scénariste, directeur de la photographie et surtout interprète principal (et c’est peu dire) de son propre film, le jeune héros au propos noble et plutôt sympathique « sauvons les requins et l’équilibre écologique de la planète » est tellement préoccupé à exposer sa propre théorie/personne en se faisant filmer complaisamment tout en déblatérant sur un ton quelque peu monocorde le sermon obligatoire à toute tentative de persuasion d’un public en mal d’images exotiques, logiquement déjà acquis à sa cause, qu’il en vient carrément à « voler » la vedette à son principal sujet.
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Personnellement, incapable de supporter plus de 15 minutes de diatribe auto-satisfaisante et carrément inquiétante (hum), un sommeil plus profond que l’océan lui-même s’est emparé de la pauvre victime (pourtant insomniaque) du très narcissique défenseur de squales que j’étais devenu ...

... ET MONSTRE ...

... jusqu’à ce qu’enfin, réveillé par un bruit sourd lointain, de plus en plus régulier, fort et inquiétant car non identifiable, je décide de grimper sur le toit de ce magnifique immeuble newyorkais ...
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... dans lequel mon superbe appartement de 120m2 surplombe négligemment (j'aime bien la formule) la 5ème et où, en compagnie de quelques proches amis (une quarantaine dont mes flirts, ma famille ... bref) venus fêter pour l’occasion ma nouvelle et néanmoins très méritée promotion, je constate effaré que Manhattan (oui, celui du 11 septembre) est en pleine ébullition.
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Dans la pénombre de la nuit tombée, malgré la multitude de lampes restées allumées dans les nombreux bureaux des grattes ciels secoués par les déflagrations et l’éclairage urbain en pleine effervescence, on n’y voit rien ou presque, lorsque tout d’un coup, descend sur nous à la vitesse du ballon d’un tir au but volontaire, une énorme masse de métal qui s’abat lourdement à quelques mètres seulement de notre bâtiment.
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Autour, les gens qui sortent se rassemblent alors, effrayés, médusés par l’amas de ferraille déformée, rien moins que la tête arrachée et défigurée de la statue de la liberté gisant là, tout près d’eux, sans raison, sans logique (oui exactement comme sur l’affiche de New York 1997... on appelle ça un hommage).
imageHeureusement Hub, désigné cinéaste de cette incroyable soirée de célébration, n’en perd pas une miette et ... bon voilà, c’est (pour rigoler un peu, hum) le « presque » tout début du film catastrophe assez impressionnant de ce début d’année, Cloverfield.
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Ou, pour faire vite, l’histoire filmée en caméra subjective (la bonne idée, un poil fatigante à la longue – attention à la nausée - mais qui transpire le malaise et l’angoisse presque comme si on y était) d’un groupe de personnes (pas les pires, bobos qui se la pètent, mais pas les mieux, nunuches à souhait) en proie à un New York plus vrai que nature dévasté par un monstre « abstrait », venu d’on ne sait où, et dont on ne saura guère plus, si ce n’est que les références flagrantes avec des films et des évènements susceptibles de vous rappeler des faits réels ne sont pas tout à fait fortuites ...
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Tout ça finirait presque par ressembler, malgré la virtuosité technique (un scénario assez simpliste il est vrai, mais une narration claire et l’ensemble « en jette ») à n’importe quel film de monstre avec une fin des plus conventionnelle (ou presque mais ... chut !) sauf que ...

... MONSTRUEUX !

... sauf que, c’était sans compter sur l’intervention miraculeuse de Red Richard, Ben Grimm, Susan et Johnny Storm, alias les 4 fantastiques qui, à la poursuite de l’énigmatique surfeur d’argent ...
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... et toujours dans le but ultime de déjouer les complots du fallacieux Docteur Doom (alias Fatalis pour les adeptes de la BD), décidèrent sur le champs de remettre les noces de Mister Fantastic et Invisible Woman à plus tard ... c’est-à-dire à la fin du film, Rise of Silver Surfer.
imageToujours pas, vraiment pas au niveau des deux premières excellentes adaptations des aventures de Spiderman (le troisième n’étant pas indispensable), ni même capable de rivaliser avec la poésie des Superman époque Christopher Reeve, ce deuxième volet des aventures de nos quatre super-héros toujours aussi mollassons (mis à part ce tombeur de Chris Evans, plutôt sympa à regarder mais au jeu fort limité) surclasse quand même sans problème son prédécesseur, ne serait-ce que par des effets spéciaux plus coûteux (ça se voit) et plus nombreux (le costume de The Thing un poil trop plastique mais presque crédible et surtout un surfeur numérique ahurissant) ...
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En gros, 1h30 de souvenirs pré-pubères, le temps de se remémorer les heures passées à s’évader pour s’identifier à des personnages complètement barrés mais capables de vous emmener loin, loin, loin, très loin ... et ça c’était vachement bien !

mardi 15 avril 2008

MON PREMIER LONG TRAJET ...

... par Stéphane ! Eh oui, une fois n'est pas coutume, Rupert n'est pas l'auteur du post. Mais voilà, devant l'irrépressible éclat de rire qui s'est emparé de moi à la lecture de ce mail ...
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... je ne résiste pas au plaisir de vous le faire partager.
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Pour info, Stéphane vient de faire l'acquisition d'un scooter (oui, il sait que c'est dangereux) et, pour la toute première fois, effectuait ce matin le trajet maison/boulot.
Tout un programme :
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J’ai pris les maréchaux (enfin j’ai voulu les prendre car je cherchais un panneau « maréchaux »).
Arrivé au périph j’ai su que je m’étais trompé donc demi-tour pour chercher les maréchaux ... que j’ai trouvé.
image Jusque là tout va bien sauf que des fois on me cache des panneaux essentiels (ceux des directions).
Puis je roule et je vois au loin les tours (celles de la Défense), ultimes récompenses me confirmant la bonne direction !
Ensuite je roule sur un pont et là stupeur, les tours ont disparu et je me retrouve à la salle Sacha Guitry de Courbevoie (ne me demande pas où c’est, je ne sais pas), ensuite je me suis dit « laisse-toi glisser vers le bas (c’était en pente), tu devrais voir de l’eau ».
Derrière moi, une voiture klaxonnait (j’imagine que c’était pour m’encourager !).
Enfin je suis arrivé devant C... (que j’ai dépassé car non reconnu, c’est dingue la visière change tout !).
Mais bon si je t’écris c’est que tout va bien !
Il me tarde ce soir pour savoir quelle autre ville de banlieue je vais explorer avant de rentrer à Paris !
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Pour ne rien vous cacher, moi aussi !!!!!!

lundi 14 avril 2008

TOUT BOURGEOIS

Je m'appelle Louise Joséphine Bourgeois. Je suis née le 25 décembre 1911 à Paris. Tout mon travail des cinquante dernières années, tous les sujets, trouvent leur source dans mon enfance.
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Mon enfance n'a jamais perdu sa magie, elle n'a jamais perdu son mystère, ni sa dimension dramatique ...
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Présentée dans une galerie à la surface limitée où la surabondance des œuvres et leur taille ne permettent ni le recul, ni l’isolement, la rétrospective que le Centre Pompidou (dé)consacre à cette artiste, aussi passionnante que déconcertante peut au moins se prévaloir de lui rendre un (ultime ?) hommage de son vivant.
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Rien n’y fait ! Ni la scénographie pourtant chichement étudiée mais trop contrainte par des cimaises étouffantes, ni la possibilité de rallonger sa visite en la poursuivant, comme dans un labyrinthe involontaire, dans les espaces du musée (Tendre compulsions exposition dans l’exposition deux étages plus bas), piètre consolation pour celles et ceux qui, au final, iront contempler, heureux, l’araignée majestueuse (Maman, 1999) parcourant les pelouses (ô combien verdoyante en ce printemps pluvieux) des Tuileries.
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Pourtant nul doute que bouder le plaisir, incontestable à l’évocation de cette figure incontournable de l’art contemporain, d’une balade sensitive qui trouve son inspiration dans la logique subjective d’un esprit aussi singulier que celui de Louise Bourgeois, où les œuvres tour à tour figuratives, abstraites, en appellent à l’émotion, à la mémoire et aux souvenirs, serait une monumentale erreur.
imageD’abord parce que cette vieille dame obsessionnelle n’a pas encore dit son dernier mot et qu’elle continue d'explorer, à 96 ans sonnés dans son atelier newyorkais, les méandres d’une enfance que rien n’épuise et qu’on imagine foncièrement riche (la profusion des thèmes récurrents et celle des matériaux, extrêmement variés) pour cette fille de restaurateurs de tapisseries anciennes, dont les motifs de la couture, du fil, de l'aiguille conditionnent une grande partie de l’œuvre pour aboutir à la figure maternelle, protectrice de la grande fileuse : l'araignée (voir le « petit modèle » en bronze à l’entrée du forum).
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Ensuite parce que ce parcours intimiste nous permet d’appréhender presque totalement l’intégralité des modes d’expressions (environnements, cellules, figurines, têtes et colonnes ...) utilisés par une artiste dont l’inspiration flagrante jamais ne s’est tarie.
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Il faut abandonner le passé tous les jours ou bien l'accepter. Si on n'y arrive pas, on devient sculpteur ...
Alors, toujours pas convaincu ?

vendredi 11 avril 2008

ADS OF THE WORLD

... c’est une foultitude de publicités sous les formes les plus variées (films, affiches, etc ...), un bouillon de culture (!) soigneusement agencé, d’où émerge le meilleur de la création mondiale actuelle.
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C’est surtout et avant tout une véritable bible, une encyclopédie extraordinaire de la publicité internationale, par rubrique ou en vrac (c’est selon ...), le site de référence qui montre et démontre que graphisme, esthétique, politique et marketing font parfois bon ménage.
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Sans faire abstraction d’un mauvais goût parfois (malheureusement) nécessaire, parfois (heureusement) excessivement drôle, excessif et drôle, ou à des interprétations diverses pas toujours de bon aloie mais forcément inévitables (une véritable Tour de Babel du fond et de la forme) Ads of the World est une inépuisable source de plaisir (imagination ? rêve ? ...) et de réflexion pour qui s’intéresse à la communication dans le sens le plus large du terme.
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Un coup de cafard ? Envie de rien ? ... alors peut-être qu’une petite balade ici ...

mercredi 9 avril 2008

BLEU PETROLE

Nouvelle parenthèse pop plutôt mitigée dans l’univers particulier de celui qui, de plus en plus, se démarque sans effort ni complexe du très moribond label « rock à la française ».
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Ce ne sera que faire honneur au talent désormais indiscutable d’Alain Bashung, depuis l'inégalable Fantasie Militaire, que de faire la fine bouche à l’écoute de ce Bleu pétrole presque frileux et un brin décevant.
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Abandonnés pendant 6 longues années après une Imprudence somme toute difficile à comparer tant l'extrême complexité d'un ensemble délicat, hâpre et sensible, s’avérait qualitativement prodigieux, le retour de notre seul et unique crooner national, bien que fort réjouissant, ne laissera pas les mêmes traces impérissables que ces deux prédécesseurs, références incontournables.
Convoquant les invités, parfois prestigieux, les plus susceptibles de trouver leur place dans l’univers définitivement établi d’un auteur qui travaille presque plus, voire autant, pour les autres que pour lui-même, Bashung chante de sa voix torturée et tortueuse les textes pas toujours très originaux de comparses moyennement inspirés sur des mélodies moins somptueuses que celles auxquelles il nous avait habitué.
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Ainsi, appauvri par la complicité de ceux qui, malgré toute leur bonne volonté, n’atteindront jamais le talent d’un Jean Fauque (par exemple et parce qu’il a trouvé les mots qui, indissociables du musicien, ont imposé son vocabulaire), Bashung se perd un peu en popitude folk, en variété trop variée et donc impersonnelle, comme l'image galvaudée de ce vieux loup solitaire qu'un visuel peu encourageant représente nous tournant le dos.
image Si l’on accepte qu’il faille attendre le 4ème morceau (Hier à Sousse, pourtant pas si remarquable) pour commencer à trouver de l’intérêt à une galette qui s’affirme lentement au fil des plages sonores (Vénus l’emporte haut la main, Comme un lego est une réussite, …, Je tuerai la pianiste accroche carrément), que deux reprises sympathiques (Suzanne et Il voyage en solitaire ... sans comme mesure avec sa tragique et magnifique version des Mots bleus) semblent un peu vaines, convenues, alors on peut accorder à Bleu pétrole l’indulgence de ceux qui savent qu’une carrière s’écrit aussi au fil de rendez-vous manqués.
Mais cette voix, quelle voix …

lundi 7 avril 2008

STUART DE SCHILLER

Condamnée à être exécutée, sans plus aucun recourt, Marie Stuart cherche par tous les moyens à faire entendre une dernière fois sa voix auprès de sa cousine, Elisabeth 1ère.
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Talentueusement adaptée et modernisée par Fabian Chappuis , la fable politique imaginée par Friedrich Schiller gagne ici en envergure et en psychologie ce qu’une simple reconstitution historique n’aurait su retranscrire.
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Interprétant les derniers moments de la reine d’Ecosse à travers l’évocation intelligente et passionnante du conflit qui l’opposa durant 20 ans à la reine d’Angleterre, la pièce avance scrupuleusement au rythme des évènements connus de tous pour culminer, dans sa dernière partie, lors de la rencontre (inventée) entre les « sœurs ennemies ».
Rencontre unique qui scellera à jamais le sort de la condamnée, rencontre ultime autour de laquelle le « drame » universel qui régit la mécanique du pouvoir est mis à nu pour le plus grand plaisir d’un public forcé (amusé ?) de constater que, foncièrement, rien n’a vraiment changé.
image Décors sobre et raffiné, costumes lourds, lumière tamisée, tout concourt pour que l’interprétation sans faille transgresse les limites d’un plateau qui se veut témoin de l'Histoire : l’une rebelle indomptable abandonnée des siens, résignée par la force des choses, l’autre puissante statue fragilisée par le jeu de masques morbides auquel elle ne peut se soustraire et qui la condamnera à sacrifier sa rivale de sang ... autour, dans l'ombre, les geôliers, alliés ou traites et autres conseillers, manipulateurs ou victimes consentantes d’un destin qui les lie irrémédiablement à leurs Maîtresses.
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Violente par son propos, oppressante par sa mise en scène, mais parfois très ingénieusement ludique et farfelue, Marie Stuart selon Chappuis se fait œuvre intemporelle, passionnante, implacable car au plus profond humaine et dans le sens majeur du terme.
Jusqu'à la fin du mois au Théâtre 13, un vrai succès ... courez-y !

vendredi 4 avril 2008

LAST NIGHT

Avec ce dernier album (sorti ces jours-ci sans trop grand renfort de pub - une première !), qui fait suite au relatif semi-échec « artistique » de son prédécesseur (ceci expliquant celà), Moby revient ...
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... vers des ambiances radicalement orientées dancefloor, pour le meilleur et le moins bon.
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Si, à l’image des deux singles déjà multidiffusés sur les ondes internationales, l’excellent Alice (d’inspiration hip hop, style Massive Attack) et les très moyen Disco Lies (moyennement convaincant) Last Night part un peu dans tous les sens, c’est peut-être qu’un best of (Go, paru il y a deux ans) n’était finalement pas l’objet le plus adéquat pour « célébrer » la désormais durable carrière de cet ex-punk reconverti en artiste électro-pop roublard et consensuel.
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Il faut bien avouer qu’à force de subir bon gré mal gré ses insupportables rengaines « tubesques » convoitées par les agences de com de la planète entière, on en vient presque à oublier que Moby reste avant tout un incomparable (re)mixeur riche en références, capable d’ingérer les styles les plus variés pour les dégurgiter en productions souvent remarquables et reconnaissables.
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Car son point fort, si point fort il y a, est qu’un morceau signé Moby s’identifie dès les premières secondes et ce malgré l’éclectisme de ses inspirations.
On peut y voir là, indiscutablement, une marque de fabrique significative mais qui semble être avec le temps un signe indéfectible de suffisance et de paresse, comme si ce pseudo Dj amateur de rock fm matinée de variété franchement cafardeuse n’était pas tout à fait capable de renouveler un style qui commence sérieusement à entrer en redondance avec ses premières propositions.
imageConvoquant Grace Jones (Live for Tomorrow, très réussi) ou Donna Summer, l’univers des eighty’s (I’m in Love, Everyday It’s 1989 ... franchement pas essentiels), et un peu d’ambient (Degenerates, Sweet Apocalypse, ... ouais bof), la sauce de moins en moins digeste, malgré quelques incursions agréables en électro pop légère (I Love to Move in Here ou 257.zero, recyclage d’une idée déjà maintes fois exploitée, en particulier par Craig Armstrong) ne prend pas toujours.
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Bref, une petite daube presque appétissante, mais parfois vaine et un peu lourde, sauvée in extremis par l’excellent Last Night (morceau de choix), ultime sursaut bénéfique qui ne parvient malheureusement pas à légitimer un ensemble passablement inégal ...