jeudi 29 novembre 2007

RETOUR GAGNANT

Toutes deux enfin revenues d’un long silence discographique considéré sans peine de salvateur pour qui a, comme moi, les oreilles aussi grandes ouvertes que qualitativement chatouilleuses ...
image
... l’australienne Kylie Minogue et l’américaine Britney Spears, emballent (et c’est peu dire) les critiques et les foules en dévoilant chacune leur nouvel album. Il y a de quoi !
image
La première, victime d'un cancer du sein dont elle sort plus positive que jamais, la deuxième, victime d’un pétage de plombs médiatique dont elle tire toute sa vigueur pour, désormais, dans un style d’ailleurs pas si éloigné l'une de l’autre, donner du punch à un hiver qui s’annonce gris, froid, brutal et peu enclin aux festivités ...
image Minogue la blonde et Spears la (désormais) brune, attendues au tournant, forcément, par leurs détracteurs (dont j’ai longtemps fait partie) comme par les fans excédés de ne plus suivre que dans les tabloïds médiocres les douleurs et les frasques d’une starification à outrance dans ce qu’il y a de plus éloigné de la décence humaine.
image
Armées de bataillons de producteurs attirés par l'appat du gain, qui passent de l’une à l’autre sans le moindre scrupule ni conscience professionnelle, les dames sans complexe « réactualisent » une électro-pop savoureuse, légère, matinée ça et là de punk, rock, dance et évidemment R’n’B dans ce qui mériterait d’être considéré comme une résurrection salutaire et diablement efficace.
image
Si l’on sait que l’australienne radieuse, plus âgée mais aussi plus pudique et sereine, se contentera d’une première place au rang de vamp populaire pour un revival style 80’s avec ce X aux références assumées et flagrantes (Depeche Mode, Visage, Lips Inc ... mais aussi un hommage en demi-teinte à Gainsbourg), on sent bien qu’au travers de son Blackout, excellent disque punchy et terriblement sexy dont chaque titre est un tube en puissance, la jeune américaine, mère déjantée divorcée, enfin décidée à ruer dans les brancards de ceux qui lui prédisaient le pire, donnera tout pour porter le coup fatal à une industrie et à une presse qui l’auront autant fragilisée qu’elles l’avaient auparavant portée aux nues. Grande absente en délicatesse de pertinence, la Ciccone n'a qu'à bien se tenir !

mardi 20 novembre 2007

ET LES ETOILES

Bardé de broches, tout en brillance dans son « Jee Cee de Castelbajac suit », Rufus Wainwright (sublime, forcément) était de passage pour une unique soirée au Casino de Paris ...
image
... à l’occasion de la tournée consacrée à son album Release the Stars, sorti au printemps dernier, et juste avant le lancement du CD/DVD enregistré lors de la fameuse série de tours de chant-hommage à Judy Garland.
image
Impossible de rester de marbre devant cet espèce de trublion efféminé et assumé à l’humour très décalé (l'immense drapeau américain en noir et blanc de fond de scène, dont les étoiles ont été remplacées par de splendides bijoux) toujours jouissif et sympathique, à la voix parfaitement posée, et pas avare de son temps.
image
Comme d’habitude, on ressort de 2 heures et demi de concert (une constante plus qu’appréciable chez ce marathonien du micro) complètement scotché par cette étonnante capacité à nous séduire, nous émouvoir ou nous amuser d’une chanson (et d’un costume) à l’autre, avec une aisance sidérante chez ce songwriter great performer pratiquement insurpassable, mais surtout inqualifiable dans le genre (et ce dans tous les sens du terme).
image
Qu’est-ce qui fait courir Rufus ? Le talent ? Sans aucun doute. La voix ? Incomparable ! L’écriture et le sens mélodique ? Certainement ... et les étoiles ?!

lundi 19 novembre 2007

SUITE ... ET FIN

24 ans après avoir fait connaissance avec l’amnésique tatoué le plus célèbre de la bande dessinée, source d’inspiration et référence pour nombre de scénaristes de séries télévisées US ...
image
... de films, de romans (Jason Bourne) et, bien sûr, d’autres bandes dessinées, nous voici enfin récompensé avec la révélation finale tant attendue de l’énigme XIII.
Et là, première surprise ! En effet, alors que depuis plusieurs albums, l’histoire avait quelque peu tendance à tourner à vide, à considérablement traîner en longueur, Van Hamme (le célèbre géniteur) n’attend même pas les dernières pages du 19ème et dernier volume de la saga, Le dernier round, pour nous livrer la véritable identité de son héros.
image
Dès la fin de cette étrange et inattendue Version irlandaise, 18ème épisode et deuxième surprise puisque Dargaud nous fait l’honneur de révélations en deux tomes, dessinée non plus par son créateur originel, William Vance, mais par la star Jean Giraud alias Moebius, troisième surprise, Van Hamme lâche comme ça, l’air de rien, dans le livre finalement le moins concentré sur le personnage principal de la saga, les origines de l’agent trouble qui nous tient en haleine depuis les derniers jours d’une adolescence en quête de mystère et d’action.
image Comme si finalement, le suspense, pièce maîtresse d’une série reposant toute entière sur la qualité et l’ingéniosité de son écriture comme sur son graphisme à la fois si froid, précis et efficace, n’était plus vraiment à l’honneur, comme si désormais, à l’instar de rebondissements et de retournements dont on aurait maintes fois, trop souvent, abusé, seul l’événement commercial savamment orchestré n’était plus que l’unique but ultime d’un éditeur assuré de relever le banco, d’un auteur pressé de se débarrasser d’un trop lourd fardeau.
image
N’empêche, on pourrait reprocher à Van Hamme ce semi-baclâge qu’on ne saurait trop le remercier, malgré tout, de ne pas répondre à toutes les questions que le lecteur averti et attentif sera encore susceptible de se poser et dont l’éventuel successeur saura, on peut au moins l’espérer, s’emparer et s’amuser pour nous divertir encore, tout au long nombreuses futures aventures … Alors qu'importe la déception, longue vie à … !

jeudi 15 novembre 2007

L' HOMME SANS AGE

En Roumanie à la veille de la seconde guerre mondiale, un vieux professeur de linguistique est frappé par la foudre qui le rajeunit miraculeusement et décuple incroyablement ses facultés mentales.
image
Fuyant à travers l’Europe pour échapper aux espions de tout bord, il rencontre une femme qui ressemble étrangement à son amour de toujours ...
image
Si réjouissante que pouvait être l’idée du grand Francis Ford Coppola adaptant, dix après son Idéaliste, le roman d’un certain Mircea Eliade, sorte de chercheur, aventurier, chrétien et hindouiste à la fois, le résultat final s'avère tout simplement ahurissant de nullité.
Impossible d’aller jusqu’au bout de cet étrange fable foutraque, techniquement proche d’un ultime épisode de la Quatrième dimension (dixit Coppola lui-même), aussi long et carrément bavard que le Spider de Cronenberg.
Difficile de reconnaître le cinéaste qui a nourrit de ses chefs-d’œuvre plusieurs générations de cinéphiles gourmands, à la vision de ce navet pittoresque sans aucune sensibilité, délicatesse, ou même intelligence susceptibles d'éclairer les propos obscurs mais éminemment biographiques du réalisateur.
image Mélo fumeux, fumiste et affligeant, L'homme sans âge nous inflige le supplice aberrant d’une caméra insupportablement présente qui, de prises de vue alambiquées, en effets spéciaux maladifs, aurait la prétentieuse volonté de trop vouloir paraître pour mieux vouloir masquer.
Acteurs sans âme et sans charisme (Tim Roth à la traîne, Bruno Ganz impossible), image vulgaire, photo ringarde, rien à faire, rien à sauver, l’entreprise est un désastre. Au croisement de son propos et de sa contre-performance, Coppola, homme âgé, vacille en défaillance ...

mercredi 14 novembre 2007

SUPER HEROS

Dans ce livre foisonnant de détails et nombreuses anecdotes, Martin Winckler (La maladie de Sachs), fan inconditionnel, champion toutes catégories, dresse l’inventaire fantastique ...
image
... des personnages extraordinaires, bons ou mauvais, qui régirent nombre de soirées d’une enfance où, comme beaucoup d’entre nous, l’exceptionnel était appréhendable.
image
« ... J’ai lu des comic-books pendant très longtemps, puis j’ai cessé d’en lire parce que j’avais d’autres chats à fouetter [...] jusqu’à 2002, lors de la sortie du Spider Man, au cinéma. Cette année-là, en regardant Spidey se balancer entre les gratte-ciel de Manhattan, j’ai compris que mon affection pour les superhéros n’était pas morte, elle n’était qu’endormie. Peter Parker est mon cousin ; les Fantastic Four, la famille à laquelle j’aurais voulu appartenir (malgré leurs mutations, ils ne sont pas plus bizarres que je n’ai le sentiment de l’être) ; Batman est une figure tutélaire dont j’aurais bien voulu être le disciple. Bref, ils font partie de moi ... »
image
Sans omettre d’illustrer la fameuse compétition dans laquelle se lancèrent les deux grandes maisons d’édition, DC Comics et Marvel (des chapitres d’autant plus riches qu’aux US, contrairement à l’Europe, les dessinateurs se succèdent sans propriété de leur personnage, les éditeurs étant propriétaires des séries), Super Héros est un ouvrage de référence, celui d’un passionné passionnant ... aussi passionnant, justement, qu'une petite visite sur le site de Martin Winckler.

mardi 13 novembre 2007

JUSTE UN PEU D' AIR

Parce que le froid, parce que la pluie, parce que les grèves, le quotidien, que le soleil, la mer, l’été, c’est beau, c’est chaud, ça fait du bien, qu’il y a des lieux, qu’il y a des ports et que j'ai vu Cadix la belle ...
image
... les couleurs vives et populaires d’une plage bondée qui sent la frite où les jeunes gens fiers et chauvins jouent au football avec les mains, où les jeunes filles un peu vulgaires se laissent aller à l’embonpoint, où les mères grasses et rassasiées parlent d’hier et de demain.
image
J’aime les villes de bord de mer, qui s’ouvrent grandes et généreuses à l’air du large qui vient combler les pensées fortes et assumées d’humeurs rugueuses, de caractères, de voyages faits ou reportés ... j’aime les ports pour leurs départs, leurs tristesses et leurs arrivées, j’aime les ports, c’est de naissance, j’aime les ports du monde entier.
image

lundi 12 novembre 2007

UN CRAN AU-DESSUS

Un ancien militaire part à la recherche de son fils, de retour d’Irak mais porté déserteur, aidé par une jeune femme officier de police de la juridiction où le soldat a disparu ...
image
Combinant intelligemment deux histoires vraies et complémentaires en un réquisitoire sans appel, Paul Haggis (scénariste pour Eastwood et les deux derniers Bond) se fait le porte-parole efficace d’un mouvement de plus en plus contestataire et donc plus ouvertement visible à Hollywood (Berg, Clooney et consort ...).
image
Utilisant comme jamais la personnalité forte de stars engagées remarquablement convaincantes comme Tommy Lee Jones et Susan Sarandon, le réalisateur de Collision (son premier galop d’essai, trop maitrisé) laisse ses personnages perdre pied au fil d’une vérité susceptible de déstabiliser même le spectateur le plus avisé.
Charlize Theron, incontestablement l’une des actrices les plus intéressantes de sa génération, nous prouve encore une fois qu’être belle n’est pas une raison suffisante pour faire du cinéma, constamment à la recherche de rôles qui lui permettent, à des degrés divers, de capitaliser sur la qualité d’interprétations exemplaires.
image
Sans coup de théâtre scénaristique, sans démonstration lourde, didactique, Dans la Vallée d’Elah, drame psychologique inspiré et enquête policière tendus dans une rage violente toute en retenue, ébranle encore une fois, pour le meilleur et dans ce qu’il a de pire, le rêve américain au plus profond de sa sincérité. Ce qui donne à ce film toute sa force et toute sa supériorité ...

jeudi 8 novembre 2007

R.S.V.P.

A peine proposé, immédiatement porté par une presse unanime entièrement dévouée, le 9ème et dernier album d’Etienne Daho est annoncé direct comme le plus personnel ...
image
... le plus riche d’influences et, bien sûr, le plus beau. Déjà le premier titre, single rythmé lassant au tempo flamenco mais pas très innovant, donne le nom et le ton (intime, humide et chaud) d’un ensemble grande classe aux arrangements soignés (version David Whitaker : les Stones, Gainsbourg, Faithfull, Nico et j’en passe).
image
D’abord fidèle à nous mais aussi à lui-même, par ce phrasé d’ado d’aborder les mêmes thèmes quasi universels du dialogue amoureux, par cette voix troublante de jeune homme coquet et aux lèvres boudeuses (cf. les pochettes de Mythomane, La Notte, La Notte et Pop Satori) qui ne correspond plus, depuis bien des années, à ce visage vieilli et juste un peu bouffi de celui qui encore brûle beaucoup donc consomme, la vie par les deux bouts, Daho convie et guide, l’abonné de toujours des frustrations martiennes au voyage prospectif, douloureux mais si doux de vibrantes passions (Les fleurs de l'interdit).
image
Une fois oubliés les éternels refrains aux paroles gamines et rythmes ressassées (l’agaçant Obsession, copie presque fidèle d’un Igloo presque culte, histoire de s’assurer quelques ventes faciles), les textes confidents, embarquent, amusent parfois (Toi jamais toujours) les complices adhérents sur les chemins communs d'un parcours amoureux (Cet air étrange, L’adorer, Un merveilleux été), jusqu’aux refrains ultimes d’une balade nostalgique qui s’achève loin des troubles et des tracas furtifs des passions décimées et des regrets sincères (La vie continuera).
image
Acceptée totalement mais jamais dans l’excès, cette Invitation là, intime mais fort pudique, n’en révèle pas moins le bénéfice total du référent unique autant qu’hexagonal, catégorie popstar extrêmement réservée, souvent bien incapable d’assumer publiquement une personnalité complexe mais moins qu’il y parait.
J’adhère à vos tourments, cher Daho compagnon des errances romantiques de ma jeunesse passée, mais si présentement de plaisir je succombe, trop de satisfaction ne saurait vous aller … coquin va !

mercredi 7 novembre 2007

LE ROYAUME

A Riyad, un sanglant attentat est perpétré contre les employés d’une société pétrolière occidentale et leurs familles. Alors que les bureaucrates américains discutent sur la manière d’intervenir ...
image
... quatre agents du FBI partent discrètement enquêter sur place, malgré l’hostilité de leurs homologues saoudiens.
image
Si le point de départ du film de Peter Berg s’appuie sur l’attentat de Khobar (1996), c’est avant tout au travail méticuleux de Matthew Michael Carnahan, jeune homme de 30 ans qui signe ici son premier scénario, que Le royaume doit toute sa singularité.
Loin de tout manichéisme, pour peu que l’on reste attentif à son dénouement final, mais, production américaine oblige, pas forcément exempt de raccourcis notamment dans sa deuxième moitié où une certaine vulgarisation l’emporte sur le didactisme un peu lourd du début, Le royaume est un honorable plaidoyer pour la réconciliation de communautés dont les solutions extrêmes actuelles ne laissent, il faut bien l’avouer, aucun doute sur la poursuite longue et douloureuse d’hostilités à l’issue implacable.
image Cruel et parfois démonstratif dans sa façon de dénoncer la violence et plus particulièrement celle, aveugle, qui touche les victimes innocentes dans leur quotidien, Berg filme efficacement et presque sans parti pris, misant sur un casting honnête qui fait la part belle au duo Jamie Foxx / Ashraf Barhom, véritable révélation d’une aventure qui aurait pu s’avérer casse-gueule.
image
En attendant de futurs projets susceptibles de dénoncer encore le problème de l’extrémisme, ou celui plus positif du rapprochement des cultures, il est toujours temps de saluer certaines tentatives hollywoodiennes, même « acrobatiques », qui ne vont pas forcément dans le sens du vent ...

lundi 5 novembre 2007

LE REVE DE CASSANDRE

De déboires financiers en placement hasardeux, deux frères malchanceux acquièrent un beau voilier que le manque de moyens ne leur permet pas d’assumer. Ils s’en remettent à leur oncle ...
image
... homme riche mais sans scrupule, qui leur demande un petit service en échange ...
Conscient de l’ouverture vers un public nouveau, fervent de dérives cyniques et d’humour plutôt noir, que lui ont apporté les deux premiers opus de sa trilogie londonienne « forcée » (un tournage parisien annulé pour cause de budget trop élevé), Woody Allen s’est encore une fois laissé tenter par une tragédie anglaise (antique?) implacable.
image
S’éloignant un peu plus des œuvres cultes newyorkaises, auxquelles tout amateur de sa filmographie ne peut manquer de comparer ses dernières incursions dans un univers urbain européen donc beaucoup plus conventionnel, le Maître assombri encore son propos par le biais d’un scénario d’où n’émerge pas forcément sa marque de fabrique habituelle.
imageRebondissements prévisibles, situations hasardeuses (une fin aussi abrupte que significative du travail d’ensemble), le savoir-faire l’emporte sur la passion stimulante qui, hormis au travers d’une interprétation sans faille (mention spéciale à Colin Farrell), semble cruellement faire défaut.
image
Pourtant nanti d’un exceptionnel duo de stars assez pétillantes pour se tirer haut la main d’une narration trop distanciée, peu audacieuse où pointe le manque d’inspiration, Cassandra’s Dream laisse au final le goût un peu amer de cocktails prometteurs dont certains ingrédients ne seraient pas dosés correctement.
Pas sans saveur, mais décevant quand même ...

samedi 3 novembre 2007

NO I ...

... In Threesome est le deuxième single extrait de l'excellent album Our Love To Admire du groupe newyorkais Interpol. Bien moins original que l'illustration de Heinrich Maneuver ...
image
... par E. Elias Merhige et plus conventionnel que l'ensemble de ses prédécesseurs (C'mere, Evil, Obstacle I ...), le clip de Patrick Daughters est un unique plan séquence qui, à travers la symbolique (surexploité) du miroir et du temps qui s'écoule, illustre pourtant parfaitement la mélodie mélancolique et le texte désabusé d'un des meilleurs morceaux de ce troisième album dont je ne saurais que trop vous conseiller l'écoute sinon l'achat.
image